Triangle de Gonesse : le tunnelier approche, le temps presse

« Il y a urgence ! » ont martelé les intervenants qui se sont succédé au micro, vendredi 16 septembre, à la salle Olympe-de-Gouges, dans le XIe arrondissement de Paris.

Le Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG) y organisait une soirée d’information et de débat pour mobiliser une nouvelle fois contre le projet d’urbanisation d’une partie des terres agricoles du Triangle de Gonesse, qu’ils combattent depuis plus de dix ans, et toujours d’actualité.
Près de 400 personnes ont répondu présent.


Après l’annulation par le gouvernement d’Europa-City, le méga-complexe de commerces et de loisirs prévu sur le site et finalement jugé « incohérent avec l’ambition en matière de transition écologique », les opposants au projet espéraient également, l’abandon de la gare du Triangle de Gonesse, présentée artificiellement comme la seule du Grand Paris Express (GPE) dans le Val-d’Oise, et celui de la zone d’aménagement concerté (ZAC) prévue autour.
C’était mal compter sans l’acharnement des élus locaux du territoire menés par Jean-Pierre Blazy, maire de Gonesse, défenseur de la gare et des promesses d’emplois par la ZAC. Face à leur colère, le gouvernement annonça en mai 2021 alors un « plan pour le Val-d’Oise ».
Ce plan confirmait non seulement la gare du Triangle et aussi l’urbanisation de 110 ha du site, (200 de moins cependant que le projet initial)., le Premier ministre de l’époque, promettant la construction sur la zone d’une cité scolaire internationale avec internat ou encore « l’implantation d’un acteur public » non précisé (?).
Un projet d’extension du marché de Rungis, baptisé Agoralim était également annoncé.
Une « usine à gaz », pour le CPTG, dont « le seul objectif est de tenter de justifier la gare du Triangle, qui n’a aucune raison d’être ».
« Ce n’est pas d’une gare très coûteuse située loin des habitations dont ont besoin les habitants, mais d’une amélioration des transports du quotidien existant », a toujours proclamé Bernard Loup. Pour le président du collectif, le « pire » étant l’implantation de la cité scolaire.
« Dans un endroit où les constructions de logements sont interdites en raison du plan d’exposition au bruit (PEB) ? On marche sur la tête ! », s’agace l’écologiste, opposé à toute artificialisation de ces sols.
Dans cet esprit paraissait jeudi une tribune dans Le Monde pour demander le classement au Patrimoine mondial de l’Unesco des terres agricoles de Gonesse et de Saclay.
Une façon pour les opposants d’espérer attirer l’œil du gouvernement sur le dossier.

Car des choses avancent sur le Triangle, certaines tout du moins. Cet été était ainsi créée une société publique d’aménagement d’intérêt national pour piloter le projet d’aménagement du Triangle. Les premiers appels d’offres pour la future cité scolaire étaient également lancés par la région Île-de-France.
Quant à Agoralim, qui devrait finalement s’installer essentiellement à Goussainville, son installation dépend d’un engagement financier de l’État qui tarde à venir.
L’identité de l’acteur public devant installer son « administration centrale » sur le Triangle reste toujours un mystère.
Pendant ce temps, les travaux de la ligne 17 se poursuivent malgré des rebondissements judiciaires. Sur l’ensemble de la ligne 17, 10,4 km qui ont été creusés, dont 5,6 km du tronçon commun 16 et 17 entre Saint-Denis-Pleyel et Le Bourget.

Côté gare, le tunnelier est en approche. Aujourd’hui en « cours de montage », son départ est prévu depuis le Triangle de Gonesse à la fin 2022 en direction de Bonneuil, le tronçon entre Bonneuil et Le Bourget ayant déjà été creusé (3‚4 km).
Pour le CPTG, l’heure tourne vite. Le collectif compte notamment sur plusieurs procédures dont deux sont arrivées devant le Conseil d’État, La décision ne sera néanmoins pas connue avant plusieurs semaines.
Mais c’est bien une décision politique que le collectif souhaite en exigeant un moratoire sur tous les travaux en cours .