Ukraine : face à la fuite en avant de Poutine, que faire ?

Quoi qu’on pense de l’enchaînement des faits et des motifs qui ont conduit Poutine à déclencher la guerre en envahissant l’Ukraine en le 24 février, le seuil qu’il vient de franchir dans ce conflit est extrêmement inquiétant, même s’il était malheureusement prévisible.

 

En décidant de mobiliser plusieurs centaines de milliers de citoyens russes, il cherche à répondre aux pertes qui ont été infligées à son armée, annonçant ainsi ouvertement la reprise des engagements militaires sur le terrain et une nouvelle escalade meurtrière.

En organisant des referendums d’annexion des territoires conquis par les armes, cherchant ainsi à rendre ces conquêtes irréversibles, il aggrave encore ses provocations, non seulement contre l’Ukraine, mais aussi contre l’Union européenne et la communauté internationale.

 

Le fait qu’il puisse, pour procéder à ces annexions, utiliser comme prétexte le refus manifeste du gouvernement ukrainien d’appliquer les accords de Minsk prévoyant depuis 2014 d’ériger certains de ces territoires russophones en entités autonomes, ne peut pas justifier ni le recours à la force, ni les bombardements des populations civiles, ni la politique du fait accompli.

 

Mais le plus grave consiste dans sa menace d’un recours à « tous les moyens disponibles » - c’est-à-dire y compris éventuellement les armes nucléaires- pour défendre ces entités annexées, qui sont considérées dorénavant par lui comme parties intégrantes de la Russie.

 

Inadmissible et irresponsable chantage !

Ou bluff tout aussi irresponsable et inadmissible ?

 

On peut malheureusement craindre que plus rien ne soit impossible désormais, dans cette guerre sous menace nucléaire : elle peut dégénérer très rapidement en raison même de l’enlisement de l’armée russe et de la nécessité politique pour Poutine de s’appuyer sur des succès militaires et/ou diplomatiques.

 

Face à ce chantage, il semble bien que la stratégie des pays de l’OTAN soit, pour l’instant, de prendre le risque du pire, en faisant le pari que Poutine n’osera pas aller jusque-là, ou qu’il ne le pourra pas pour des raisons de politique intérieure.

 

Et de viser purement et simplement sa défaite, voire celle de la Russie, comme y poussent principalement les pays Baltes et la Pologne par esprit de revanche.

 

Ils se soucient de moins en moins des « interdits » à respecter au risque de devenir « co-belligérants », notamment en matière de livraisons d’armes offensives à l’Ukraine.

C'est à cela que veut les pousse le président ukrainien lorsqu'il demande que son pays soit intégré à l'Otan par une procédure accélérée, ce qui impliquerait que l'Otan serait de fait en guerre contre la Russie.
Nouveau degré dans l'escalade !

 

Comment comprendre autrement l’opprobre dont sont victimes tous ceux qui osent évoquer la nécessité de ménager à l’agresseur une porte de sortie pour tenter de créer les conditions d’une négociation indispensable, ou qui ne se rangent pas avec soumission sous la bannière états-unienne ?

 

Macron en a subi les conséquences, y compris de la part du président ukrainien qui l’a « rappelé à l’ordre », avant de rentrer rapidement dans le rang sous l’injonction de Biden, et de jouer les bons élèves pour tenter de faire oublier, lors de l’assemblée générale des Nations Unies, sa timide et courte rébellion.

 

Plutôt que de faire la leçon aux pays qui, tout en refusant de soutenir la guerre russe, n’entendent pas se soumettre à l’hégémonie occidentale - « non alignés sur l’Otan »-, il aurait été mieux inspiré de dialoguer avec ceux d’entre eux qui viennent d’entrouvrir la voie à de possibles médiations.

 

C’est le cas notamment de deux très grands pays dont la médiation pourrait être très utile : l’Inde (dont le Président a dit face à face à Poutine que l’heure n’est pas à la guerre) et la Chine qui veut faire respecter « la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays », tout en soulignant que « les préoccupations légitimes de toutes les parties en matière de sécurité doivent être prises au sérieux ».

 

Les gens raisonnables savent en effet que cette guerre devrait inévitablement se conclure par une négociation, et qu’elle aura nécessairement 2 volets : le respect de la souveraineté de l’Ukraine et les garanties de la sécurité de la Russie.

 

Au risque de dégénérer en un conflit beaucoup plus large, plus dévastateur et plus meurtrier, dont l’Europe serait le champ de bataille principal.

 

Comment ne pas voir que le temps presse pour arrêter ce terrible engrenage ?

Puisque les dirigeants européens semblent aveugles ou impuissants, voire complices, c’est aux peuples de prendre en charge l’exigence de la paix !