
Imerys, une entreprise française de minéraux industriels, vient d’annoncer la mise en exploitation minière d'un gisement de lithium, la première en France.
Extraite d’une mine existante dans l’Aller, cette matière doit notamment permettre de fabriquer des batteries pour stocker l'électricité, destinées essentiellement à équiper les véhicules électriques.
Mais pour autant, peut-on vraiment considérer que le lithium soit un métal dont l'extraction est nécessaire pour mener à bien la transition énergétique ?
Avec l'essor des voitures électriques et des projets de stockage d'énergie, la demande de lithium est en très forte hausse ces dernières années.
L'exploitation de cette mine est censée permettre à l'Europe de se défaire de sa dépendance quasiment totale aux principaux pays producteurs dont la Chine et la Canada.
Elle permettrait de fabriquer des batteries lithium-ion pour alimenter les voitures électriques, les seuls véhicules neufs qui pourront être vendus dans l'Union européenne à partir de 2035.
Au regard de la lutte contre le dérèglement climatique, cette priorité donnée par l'Union européenne aux véhicules électriques interroge néanmoins, car elle ne règle pas la question de la production non carbonée et renouvelable de l'électricité, pas plus qu'elle ne s'attaque à la nécessaire bifurcation des modes de transport, pour les transports de personnes comme pour les marchandises.
Selon Imerys, les procédés prévus pour l'exploitation du lithium limiteraient les conséquences environnementales.
La mine sera complètement souterraine ; le broyage et le concassage des roches auront lieu en sous-sol pour éviter le bruit et la poussière.
Les futurs exploitants avancent que les émissions de CO2, notamment, seraient inférieures de moitié à celles de toutes les autres exploitations de lithium existantes dans
le monde.
Cette affirmation n’est pas en soi totalement rassurante, si on considère que les autres mines sont connues pour être très polluantes : ne l’être qu’à moitié peut l’être encore beaucoup
trop !
Mais d’autres questions non moins sérieuses se posent, au vu de l’importance de la quantité d’eau qui sera indispensable pour l’extraction du minerai
Est-il bien raisonnable d’accroître les prélèvements de l’eau du Massif central alors que les périodes de sécheresse se succèdent, et que le département de l’Allier en a déjà connu déjà
plusieurs.
Comme il n’y a pas eu de concertation préalable, on ignore comment seront traitées les eaux qui auront été polluées au cours du processus d’extraction, de broyage et de concassage.
Parler de mine propre est en réalité de la simple communication : on ne sait pas extraire de matière du sous-sol de façon propre
Par ailleurs, une telle activité minière implique forcément à proximité à côté une importante usine chimique de transformation, ce qui entraîne une à terme une pollution de l'eau et des quantités
de déchets industriels qu'on ne sait pas forcément gérer correctement.
On peut donc vraiment s’interroger sur la compatibilité de ce projet avec les exigences de la lutte contre le dérèglement climatique : qu’il puisse favoriser le développement des véhicules électriques construits en Europe est loin de constituer un critère d’appréciation suffisant.
Certes, une telle activité (mine plus usine) peut représenter des centaines d’emplois, ce qui n’est pas négligeable, mais il faut prendre en compte que les investissements prévus par Imerys
avoisinent le milliard d’euros jusqu’en 2027.
N’y serait-il pas possible d’utiliser ce milliard d'euros pour développer d’autres activités économiques moins polluantes dans ce département ?