Ocean Vicking : l'honneur ou la honte de l'Europe ?

Le 11 novembre, le gouvernement français s’est enfin résolu à laisser accoster à Toulon l’Ocean Viking avec les 234 réfugiés sauvés du naufrage de leurs embarcations. Ceux-ci avaient été condamnés à trois semaines d’errance en Méditerranée après que le  gouvernement d’extrême-droite italien, en contravention avec le droit maritime qui prévoit que les naufragés soient recueillis dans le port le plus proche du lieu du naufrage.
Il est heureux que le calvaire de ces être humains en grande difficulté, parmi lesquels 57 enfants, ait ainsi pris fin.
Mais peut-on dire, pour autant, que la France aurait, finalement, sauvé l’honneur de l’Europe ?

 

Bien sûr, cette décision est préférable à celle de 2018, lorsque Macron avait refusé l’accostage de l’Aquarius, dans des circonstances pourtant analogues !
Mais les modalités de cet « accueil », telles qu’elles ont été présentées publiquement par son ministre de l’intérieur, Darmanin, ne peuvent guère être considérés comme conformes à une politique vraiment humanitaire.

 

Il s’est empressé en effet de préciser que la mesure prise l’a été à titre tout à fait exceptionnel, parce que certains passagers étant « à quelques heures de la mort et non pour des motifs plus généraux liés à l’accueil de réfugiés.

 

D’autre part, les rescapés sont maintenus dans un centre administratif sous régime militaire dont ils ne pourront pas sortir : celui-ci n’est pas considéré comme étant techniquement sur le sol français.
Quant à l’Ofpra (Office français pour les réfugiés et les exilés, il lui est exigé de réaliser jusqu’à 90 entretiens par jour » afin de pouvoir appliquer au plus vite les mesures de reconduits dans leurs pays d’origine des réfugiés qui ne seraient pas éligibles au droit d’asile, dès lors que, de toute manière, deux-tiers des migrants quitteront de toute façon la France vers 9 pays européens.

 

Il est clair que cette manière de traiter l’accueil de ces personnes en danger de mort comme un mal nécessaire, dont on veut à tout prix minimiser les effets prétendument pervers, ne peut qu’être un encouragement à l’extrême droite et un signal ambiguë à l’opinion publique française.

 

Ce gouvernement n’a de cesse de présenter ces nouveaux arrivants comme des indésirables dont la venue sur notre sol ne peut être que perturbatrice de notre société, générant ainsi un climat de peur dans la population, terreau du développement des thèses nauséabondes des néofascistes.
On ne peut que constater que ces pratiques politiques visant à faire valider dans les esprits l’idée des réfugiés indésirables, voire dangereux, sont en passe d’être généralisées en Europe.
Elles n’émanent plus seulement à présent des seuls partis d’extrême droite, qui se trouve dorénavant au pouvoir en Italie, en Pologne, en Hongrie, en Slovaquie, en Lettonie et même en Suède.


La droite modérée, par la voie de l’ancien président du Parti Populaire européen (dont fait partie le parti français LR), n’a-t-il pas déclaré que la marée de réfugiés et de migrants à venir menaçait le sens de l’ordre au sein de l’Europe.


Même les sociaux-démocrates scandinaves se sont laissés contaminés : la 1ère ministre danoise, pa exemple s’est fait récemment réélire avec un programme prônant « zéro réfugié » (à l’exception des Ukrainiens bien sûr) et l’envoi de tous les demandeurs d’asile au Rwanda !
Le message adressé à l’opinion publique française par Macron et Darmanin n’est guère différent sur le fond de ces pratiques dont le caractère raciste est à peine masqué.