Assurance chômage : Macron déclare la guerre aux sans-emplois

Le gouvernement ne semble pas vouloir renoncer à moduler la durée d’indemnisation des chômeurs selon l’évolution du contexte économique.
Selon ses projets, cette durée serait diminuée d’un quart dès le mois de février 2023 s’il estime que la situation de l’emploi est bonne.

Selon ses propres critères évidemment.
Les syndicats, unanimement pour une fois, y sont farouchement opposés, considérant que le gouvernement continue de démolir les droits sociaux.

Retirer 25 % de leur capital de droits aux personnes qui auraient droit à la durée maximum d’indemnisation actuelle correspond à leur retirer six mois d’allocations : 18 mois d’indemnités au lieu de 24 mois aujourd'hui.
Pour les plus de 55 ans, qui bénéficient à l’heure actuelle de 36 mois de droits, le capital sera amputé de neuf mois.

 

Cette mesure est une véritable agression contre les salariés.

Elle est destinée, d’après Macron, à inciter les chômeurs à reprendre une emploi, c’est-à-dire à accepter n’importe quel poste, même précaire, déclassé et sous payé, pour avoir un salaire.
Pour mieux berner ceux qui sont toujours prêts à croire à ses balivernes, il nous promet que cette réduction, inédite et drastique, de la durée des droits ne sera maintenue que tant que le taux de chômage restera sous la barre des 9 %.
Or, le taux de chômage n’a jamais atteint 9% en France depuis le quatrième trimestre 2017 !
Il est actuellement de 7,3% et, même pendant le Covid, il n’a jamais dépassé les 8,8%.
Autant dire qu’il y a très peu de probabilité pour que les futurs chômeurs retrouvent un jour prochain la durée d’indemnisation à laquelle ils avaient droit jusqu’ici.

 

Certes, quelques catégories sont exemptées de ce tour de vis : les salariés d’Outre-mer, les dockers, les intermittents du spectacle, les marins pécheurs, les personnes licenciées économiques, …
Faire croire que ces exemptions seraient le résultat de la négociation sociale tient de l’artifice.

 

D’autant plus que cette prétendue négociation n’a pas véritablement eu lieu, à tel point que le ministre du travail, l’ancien PS Dussopt, avoue qu’il a seulement « écouté » les syndicats
On comprend mieux leur colère, outre le contenu scandaleux de la « réforme ».

 

 

Mais pourquoi une telle volonté de nuire à ceux qui souffrent déjà d’être privés d’emploi ?

 

Est-ce parce que cette mesure faisait partie des « promesses » de Macron ?
Il faut bien donner des gages à son électorat le plus droitier

 

Est-ce pour faire faire des économies à l’Unedic, le gestionnaire des allocations chômage ?
Le ministre lui-même les estime à 4 milliards €, tout en affirmant, sans vraiment convaincre, que ce n’est pas son objectif essentiel

 

Est-ce pour atteindre le plein emploi (objectif 5% de chômeurs) et mettre un terme aux difficultés de recrutement que disent rencontrer les entreprises ?
On estime à environ 100 000 – 150 000 les retours à l’emploi consécutifs à cette mesure en 2023.

Ce qui est très loin du compte, surtout que, la plupart du temps, les emplois concernés risquent d’être des emplois précaires ou à temps partiel (on a constaté dernièrement une hausse  importante du nombre de CDD d’1 jour ou 2 !)

 

 

Par ailleurs, comme on dit, le diable est dans les détails.

Si le taux de chômage actuel est de 7,3% (avec les réserves d’usage sur la manipulation des chiffres des catégories d’inscrits à Pole emploi), ce chiffre masque de grandes disparités régionales.
Dans plusieurs départements (Aisne, Ardennes, Pyrénées Orientales, Hérault, Seine St Denis, …), le taux de chômage dépasse largement les 9%, sans que l’offre d’emploi, et pour cause, permette de satisfaire, ni la demande actuelle, ni la demande future des chœurs privés d’indemnisation

 

Et pourtant, ceux qui y résident seront pénalisés comme les autres, sans avoir plus de chances de retrouver un poste !
Une véritable double peine !

 

 

Et dans les départements où le taux de chômage est plus faible (aux alentours de 5% comme dans l’Ain, le Cantal, le Bas-Rhin, par exemple), les personnes qui restent indemnisées sont évidemment les moins employables.

On peut douter qu’elles puissent effectivement retrouver un travail facilement.

 

 

Pour les seniors, c’est encore pire

 

Qui peut croire, quand on connaît les critères de choix des patrons, qu’ils pourront effectivement après 55 ans, trouver un emploi pendant la période d’indemnisation tronquée que le gouvernement leur octroie (27 mois au lieu de 36 mois) ?

 

 

Non, pressurer les chômeurs ne les fera pas revenir à l’emploi
Cette réforme antisociale revient ni plus ni moins à punir les victimes de ce malheur qu’est la perte d’emploi comme si elles en étaient responsables : c'est odieux !
Elle doit être combattue avec la plus grande vigueur