La Commission européenne vient de valider la mesure française de suppression des vols intérieurs lorsqu'un trajet en train de moins de 2 h 30 est possible.
Cette mesure, qui fait partie des dispositions de la loi « Climat » votée par le parlement en 2021, avait été contestée en septembre 2021 devant la commission par les aéroports français
et par certaines compagnies aériennes.
Mais la décision européenne n’est qu’en apparence une bonne nouvelle.
La loi "Climat" prévoit l'interdiction des "services réguliers de transport aérien public de passagers concernant toutes les liaisons aériennes à l'intérieur du territoire français dont le trajet est également assuré sur le réseau ferré national sans correspondance et par plusieurs liaisons quotidiennes d'une durée inférieure à deux heures trente"
L'objectif en est clair : la recherche d'une plus grande sobriété énergétique tenant compte non seulement de la consommation de carburants du transport aérien (rapporté notamment au nombre de voyageurs) mais aussi de son subventionnement de fait en raison de la réduction des taxes sur le kérosène par rapport aux autres carburants.
C'est pourquoi on a du mal à accepter que des structures comme les aéroports, la plupart du temps gérées par des entités publiques (chambre de commerce, collectivité territoriale, établissement
public, ...), bénéficiant de financements publics ,ont cru bon de s'opposer frontalement, en collusion avec des compagnies aériennes privées, à une décision de lutte contre le dérèglement
climatique partagée par le Parlement et le gouvernement français.
On a encore plus de mal à accepter qu'ils aient osé en référer à une entité étrangère, probablement en s'appuyant sur leur conception ultralibérale de la liberté du commerce, bafouant la
décision démocratique de la France.
Une honte !
Le comble étant que la commission européenne ait accepté d'instruire leur plainte; en considérant qu'elle aurait compétence pour autoriser ou non une mesure de cette nature prise par un des 27
membres de l'Union européenne.
Elle a mis plus d'une année à conclure l'étude approfondie du dossier qu'elle avait promis de réaliser rapidement.
Mais où va-t-on si de telles dérives se multipliaient ? Quelle conception de l'Europe en serait sous-jacente ?
Non moins étrange est l'apathie du gouvernement français qui a laissé faire sans protester auprès de Bruxelles.
Résultat, au lieu d'être mise en œuvre en mars 2022 comme prévu initialement, l'interdiction des vols courts ne pourra pas avoir lieu avant le début 2023.
Entre-temps, les dérèglements climatiques se sont aggravés cet été !