
C’est du moins ce que préconise l’ONG OXFAM dans son rapport annuel publié le 16 janvier à l'occasion de l'ouverture du Forum de Davos, grâce à une plus forte taxation, ce qui en diviserait le nombre par 2 d’ici 2030.
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Dans la partie de son rapport spécifiquement consacrée à la France, Oxfam prend l'exemple des 10 premiers milliardaires français.
A eux seuls, depuis le début de la pandémie, ils ont augmenté leur fortune de 189 milliards d'euros, soit l'équivalent de deux ans de facture de gaz, d'électricité et de carburant pour
l'ensemble des Français.
Alors que, selon l'Observatoire des inégalités, la pauvreté ne baisse plus en France, et la grande pauvreté augmente.
A titre d’exemple, la fortune de Bernard Arnault, l'homme le plus riche du monde, a doublé depuis le début de la pandémie, passant de 85,7 milliards d'euros en 2020 à 179 milliards d'euros en
2022. Le PDG du groupe LVMH possède ainsi "une fortune équivalente à celle de 20 millions de Français", selon Oxfam France.
De fait, l'ONG estime que 2% de la fortune actuelle des milliardaires français (544,5 milliards d'euros) suffirait à financer le système des retraites, sans avoir à passer par une réforme
et un recul de l'âge légal de départ.
Oxfam relève que, du fait de la pandémie de Covid-19 et de l'inflation galopante, les inégalités ne font pas qu’augmenter : elles s'accélèrent avec, d'une part, l'augmentation de
l'extrême pauvreté et, d'autre part, une concentration toujours plus importante des richesses. Cette situation est devenue, selon l’ONG, une menace existentielle pour nos sociétés, paralysant
notre capacité à endiguer la pauvreté
Des inégalités encore aggravées par la pandémie de Covid-19 et l'inflation
La pandémie de Covid-19 et la récente flambée des prix des denrées alimentaires et de l'énergie (liée en
partie à la guerre d’Ukraine) ont particulièrement aggravé les inégalités.
Destructions d’emplois, baisses de salaires, coupes dans les budgets des ménages, menacent la vie et les moyens de subsistance des personnes les plus pauvres partout dans le monde.
L'extrême richesse et l'extrême pauvreté ont fortement augmenté simultanément.
Selon les estimations du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), plus de 70
millions de personnes supplémentaires ont basculé dans l'extrême pauvreté [vivant avec moins de 2 euros par jour], en 2020, soit une augmentation de 11%.
Plusieurs pays africains ont notamment été frappés plus durement que la moyenne mondiale par la forte inflation des denrées alimentaires : + 44% en Éthiopie par exemple, pays déjà durement touché
par la famine.
Dans un tel contexte, la Banque mondiale a annoncé que son objectif d'éradication de l'extrême pauvreté à l'horizon 2030 ne pourra pas être atteint.
Des bénéfices d'entreprises exceptionnels à taxer
Mettre les entreprises à contribution s’avère indispensable selon Oxfam, tout particulièrement les entreprises des secteurs de
l'alimentation et de l'énergie qui enregistrent des bénéfices record et qui versent des sommes sans précédent à leurs riches actionnaires et propriétaires milliardaires.
Les "superprofits", les bénéfices exceptionnels des entreprises devraient être taxés davantage, à l'image des milliards de bénéfices enregistrés par les groupes pétroliers ces derniers mois grâce
à la flambée des cours de l'énergie, sur fond de guerre en Ukraine.
Selon Oxfam, ces mesures permettraient de ramener la fortune des milliardaires et leur nombre à leur niveau de 2012, avant que ces chiffres de connaissent cette expansion inédite.
Des milliardaires de plus en plus nombreux et de plus en plus riches
Portées par la flambée des cours de la Bourse, les grandes fortunes se sont envolées au cours des dix dernières
années : sur 100 dollars de richesse créée, 54,4 dollars sont allés dans les poches des 1% les plus aisés, tandis que 70 centimes ont profité aux 50% les moins fortunés, constate Oxfam.
Les milliardaires ont doublé leur fortune, tout en étant de plus en plus nombreux :au cours des dix dernières années, les 1% les plus riches ont capté 74 fois plus de richesses que les 50% les
plus pauvres.
Une "abolition" des milliardaires à long terme
Pour réduire les inégalités et tenter de rétablir une forme d'équilibre entre les plus riches et les plus pauvres, Oxfam estime
qu'"abolir complètement les milliardaires pourrait devenir un objectif imaginable".
Selon l'ONG, la taxation a un rôle "crucial" à jouer afin de diminuer le nombre de milliardaires sur la planète, et doit toucher les revenus et le capital des plus aisés.
Parmi les mesures proposées dans le rapport, figurent un impôt exceptionnel sur la fortune, une taxe sur les dividendes et une hausse de l'imposition sur les revenus du travail et du capital des
1% les plus riches.
Or à ce jour, bon nombre des hommes les plus riches de la planète ne paient pratiquement pas d'impôts.
Le 'taux d'imposition réel' d'Elon Musk, l'un des hommes les plus riches du monde, ne serait que de 3,2%, et celui de Jeff Bezos, autre milliardaire, serait inférieur à 1%", pointe Oxfam.
Imposer les milliardaires sur leur fortune contribuerait ainsi à lever 1 700 milliards de dollars par an, au niveau mondial, ce qui permettrait aux gouvernements de financer des politiques
sociales, cette somme étant suffisante pour sortir 2 milliards de personnes de la pauvreté.