Électricité : pourquoi les prix augmentent tant pour boulangers ?

Une facture d’électricité multipliée… par dix !
Les boulangers, avec d’autres professionnels, viennent de manifester bruyamment contre l’augmentation excessive de leur facture d’électricité.
Comment expliquer ces augmentations, alors que la hausse des factures des particuliers reste relativement limitée ?
C’est incontestablement le résultat de la libéralisation du marché de l’énergie décidé par l’Union européenne, et en France, de la privatisation d’EDF et de GDF.

Des milliers d’entreprises ont reçu ces dernières semaines leur nouvelle facture d’électricité.
Comme on le sait, les particuliers ont possibilité de souscrire à une offre régulée.
Avec cette option, le prix au kWh, déterminé par l’État, est plus ou moins détaché du prix du marché, et donc très protecteur, encore plus quand les prix montent.
Il y a quelques années les entreprises pouvaient elles aussi profiter de ce tarif réglementé d’électricité (TRV).


Mais, depuis le 1er janvier 2021, le tarif réglementé a été supprimé pour les entreprises à la faveur de l’ouverture du marché de l’énergie à la concurrence .
Le prix de l’électricité dépend alors exclusivement des décisions tarifaires des fournisseurs d’énergie, et il est donc le plus souvent orienté à la hausse.
Cependant, les entreprises employant moins de dix personnes et/ou ayant des recettes de moins de deux millions d’euros avaient la possibilité de conserver le tarif réglementé si elles le souhaitaient.

Or les artisans, les commerçants et les TPE n’ont pas saisi cette opportunité,
La plupart d’entre eux ne l’ont pas fait parce qu’ils avaient déjà abandonné la tarif réglementé : les offres alléchantes des fournisseurs d’électricité privés (comme Total énergie par exemple) les ont convaincus de rompre leur contrat antérieur avec EDF quand bien même il leur garantissait pourtant des évolutions de prix raisonnables.


Aujourd’hui ils font appel à la solidarité nationale via l’État, alors qu’ils sont avant out victimes de la pagaille consécutive à la politique énergétique de l’Europe acceptée par le gouvernement français.
Et aussi, il faut bien le dire, de leur réflexion à courte vue sur les enjeux économiques de leur activité, voire de leur adhésion aveugle aux dogmes du néolibéralisme.


L’augmentation qu’ils constatent à présent est d’autant plus excessive que ces fournisseurs d’énergie ne produisent pas d’électricité, mais l’achète à EDF que l’État a obligé de leur vendre à bas prix.
Curieuse mise en concurrence dans laquelle un des acteur doit fournir à ses concurrents le produit même sur lequel ils sont en compétition sur le marché !


Il est vraiment temps de remettre le « marché européen de l’énergie » sur le métier.