
On se souvient qu’il y a près de deux ans, le Premier ministre de l’époque, Jean Castex, annonçait un grand plan pour le Val d’Oise, notamment pour l’est du département et le Triangle de Gonesse après l’abandon définitif du projet Europa City.
Les investissements annoncés concernaient surtout les transports publics, mais également plusieurs opérations d’aménagement concomitantes dans la zone du Triangle.
Depuis, les différentes actions menées par un ensemble d’acteurs institutionnels avancent à des rythmes différents, en fonction notamment des procédures administratives.
La gare du Triangle de Gonesse attendue pour 2028
Le projet le plus emblématique, mais aussi le plus contesté, c’est la création de la gare du Triangle de Gonesse sur la
ligne 17 du futur métro Grand Paris Express (GPE).
Cette gare est présentée par ses partisans comme la seule du GPE sur le Val d’Oise, mais elle se trouve éloignée de toute habitation sur un territoire qui est encore aujourd’hui
agricole.
Les travaux de réalisation de la ligne 17 avancent, mais la gare elle-même ne sera pas en service avant 2028 : on est très loin des ambitions initiales
L’interconnexion de la ligne H à la future gare Pleyel n’aura pas lieu avant 2030
Les 230 000 usagers quotidiens de la ligne H SNCF (Paris Nord vers Persan Beaumont, Luzarches,
Pontoise Creil) attendent avec impatience l’interconnexion avec la future gare de Saint-Denis-Pleyel (Seine-Saint-Denis), située sur les lignes 14, 15, 16 et 17 du super métro.
Deux quais supplémentaires devront être créés mais seulement à l’horizon 2030. Aucun projet n’est connu à ce jour, alors que cet investissement est bien plus prioritaire pour une grande
partie des Val d’oisiens que la gare du Triangle.
Mais la majorités des élus et le gouvernement s’obstinent à privilégier les transports vers Roissy, comme si la plateforme aéroportuaire était le seul avenir économique des habitants du
département
Ainsi, il n’est toujours pas prévu d’améliorer la situation sur les lignes B et D du RER notamment par le doublement du tunnel entre la gare du Nord et la station Chatelet malgré leurs centaines
de milliers de voyageurs quotidiens.
Il en est de même de la réalisation de trois lignes de BHNS (bus à haut niveau de service), dont certains tronçons en site propre, qui sont prévus : il s’agit de relier
notamment Goussainville, Villiers-le-Bel ou Garges à Roissy.
Si on en juge par la faible fréquentation du BHNS existant entre Gonesse et Roissy, on peut s’interroger sur l’intérêt de tels investissements alors que le réseau de bus classiques demanderait à
être très sérieusement modernisé.
Un campus scolaire à vocation agricole sous les zones de bruit
Le gouvernement prévoit toujours la réalisation d’une cité scolaire internationale qui devrait être construite dans
la zone à aménager du Triangle de Gonesse (110 hectares sur 300 au total).
Elle comprendrait notamment un collège de 600 places, un lycée général, un lycée professionnel « classique » et un lycée professionnel agricole, qui utiliserait une partie des terres pour sa
ferme. Les premiers élèves devraient être attendus pour 2027-2028.
Mais la contestation est forte à propos de ce projet, ne serait que en raison de l’idée anachronique de réaliser une cité scolaire regroupant plusieurs établissements de cette taille, complétés
par un internat en dehors de toute vie urbaine dans une zone touchée par le plan d’exposition aux bruits.
Un Marché d’intérêt national alimentaire en 2025 ?
Un marché d’intérêt national (MIN) va voir le jour sur le modèle de celui de Rungis (Val-de-Marne). Baptisée Agoralim et géré par
la Semmaris (société qui s’occupe déjà du site de Rungis), cette plate-forme aura pour vocation d’assurer une mission de grossiste alimentaire.
Le projet comprendra
notamment une légumerie à Gonesse, un marché des producteurs à Goussainville ou encore des unités liées à la distribution à Bonneuil-en-France.
L’objectif serait de créer
plusieurs milliers d’emploi, si on en croit le préfet qui espère attirer également des entreprises spécialisées dans l’agroalimentaire.
Il aurait quand même été plus simple de conserver la vocation de production agricole de ce territoire comme le proposait la projet Carma plutôt que d’y implanter des
installations ayant un rapport très indirect à l’agriculture.
Par exemple, on ignore l'impact d'un marché de gros en matière de transports par camions et d’énergie pour les zones de stockage réfrigérées.
Décidément sur cette zone du Triangle de Gonesse, le gouvernement, en s’obstinant à vouloir l’aménager, est toujours en retard des véritables enjeux sociaux et sociétaux.