Contamination massive par les polluants éternels (PFAS)

 

Nocives pour la santé, les PFAS seraient plusieurs milliers de composés, sans qu’on le sache avec certitude. Leur point commun c’est une chaîne d’atomes de carbone et de fluor inaltérable, obtenue par la chimie de synthèse.

 

C’est ce qui leur donne leurs propriétés particulières, mais aussi leur extrême persistance dans l’environnement. Indestructibles dans la nature, capables de se déplacer sur de très longues distances, loin de la zone où elles ont été obtenues, on les a surnommés les « substances chimiques éternelles ».

 

 

Depuis la fin des années 1940, ces produits chimiques servent à fabriquer en masse les traitements antiadhésifs, antitaches et imperméabilisants qui recouvrent notamment nos ustensiles et nos textiles quotidiens.

Ce sont eux qui sont à la base du Teflon, du Scotchgard, (le célèbre imperméabilisant textile), et le Gore-Tex.

 

 

Elles sont présentes dans une multitude d’objets : poêles antiadhésives, tapis, cordes de guitare, batteries de véhicules électriques, peintures, traitements pour l’acné, emballages de kebab et de frites, gainages de circuits électriques dans les avions, prothèses de hanche ou fil dentaire

Mais ce sont des substances chimiques toxiques et quasi indestructibles.

 

Les PFAS ont acquis une certaine notoriété avec le film « Dark Waters », de Todd Haynes, sorti en 2020, dans lequel Mark Ruffalo incarne l’avocat américain Rob Bilott.
Ce dernier avait découvert les premiers indices de ce crime environnemental aux abords de l’usine où le groupe chimique DuPont fabriquait son Teflon, en prenant en charge les intérêts d’un fermier dont les vaches mouraient sans cause évidente. C’était en 1998.

Mais si les États-Unis ont pris la mesure de l’ampleur de la contamination aux PFAS au fil des années qui ont suivi, le scandale n’a pas pour autant traversé l’océan Atlantique.

 

Et, à notre insu, le poison du siècle a aussi contaminé toute l’Europe.

Des lacs de Norvège et de Grèce, du Danube au bassin du Guadalquivir, les PFAS sont détectées dans l’eau, l’air et la pluie. Rares, désormais, sont les lieux et les espèces animales épargnés par cette contamination.


Les études de biosurveillance concluent à présent que ces composants indésirables imprègnent notre sang.
On sait à présent que, même à faible dose, une exposition aux PFAS n’épargne aucune zone du corps : diminution du poids des bébés à la naissance, de la fertilité ou de la réponse immunitaire aux vaccins chez les enfants ; augmentation des risques de cancers du sein, du rein ou des testicules ; maladies de la thyroïde ; colite ulcéreuse ; hausse du taux de cholestérol et de la tension artérielle, prééclampsie chez les femmes enceintes ; risques cardio-vasculaires …

 

Complexe et coûteux, le procédé industriel de synthétisation des PFAS nécessite un savoir-faire et des installations spécifiques.

En majorité, ce sont donc des grands groupes industriels qui sont en mesure de les produire, mais ils vendent leur production à des milliers d’utilisateurs.

Berceau de la chimie industrielle, l’Allemagne ne compte pas moins de six de ces usines, et se trouve donc à l’épicentre de cette contamination en Europe

La France, quant à elle, compte cinq sites : les usines d’Arkema et de Daikin, dans la vallée de la chimie à Pierre-Bénite, au sud de Lyon ; celle de Chemours, une société issue de DuPont, , à Villers-Saint-Paul (Oise) ; et les installations de Solvay à Tavaux (Jura) et à Salindres (Gard).

Les autres usines sont situées au Royaume-Uni (trois), en Italie (deux), en Pologne, en Espagne, aux Pays-Bas et en Belgique (un).
Toute l’Europe de l’Ouest se trouve donc directement contaminée par cette production.

 

Mais celle-ci concerne aussi les activités utilisant les PFAS

C’est le cas par exemple de l’usage de mousses anti-incendie « AFFF employées pour éteindre les feux d’hydrocarbures, contre lesquels l’eau est inefficace.
Ces mousses forment un tapis qui prive le feu d’oxygène. Après usage, les PFAS qu’elles contiennent s’infiltrent dans les sols, percolent jusqu’aux eaux souterraines et peuvent ensuite être acheminées jusqu’aux robinets par les circuits de distribution d’eau

Les aéroports et les installations militaires en sont des grands consommateurs

Mais on peut aussi trouver des PFAS dans des composts utilisés comme engrais

C’est par des phénomènes de ce genre que les PFAS se bien au-delà de leur zone de production, au point qu’on peut en trouver dans la pluie qui tombe au Tibet !

 

Certains scientifiques pensent aujourd’hui compte tenu du caractère indestructible des PFAS, de leur diffusion sur l’ensemble de la planète, et des risques sanitaires qui en sont engendrés, que cette contamination est devenue un danger pour l’espèce humaine du même ordre que le trou dans l couche d’ozone ou le changement climatique.

Il serait donc bien temps de s’en préoccuper sérieusement