Selon une étude de l’organisme chargé de l’assurance-chômage, l’UNEDIC, le report de l’âge légal de 60 à 62 ans a entraîné entre 2010 et 2022 une hausse de 100 000 allocataires de plus de
60 ans.
Quel qu’il soit l’âge de départ à la retraite, on observe un pic des ruptures conventionnelles du contrat de travail trois ans avant, parce que c’est cette durée qui correspond à la celle de
l’indemnisation chômage dont peuvent bénéficier les salariés de plus de 55 ans.
L’UNEDIC observe en 2021 une nette hausse à 59 ans de ces ruptures « d’un commun accord », qui donnent droit au chômage, depuis que l’âge légal de départ à la retraite est fixé 62 ans, les
plus de 55 ans pouvant être indemnisés pendant trois ans.
Alors que 17 % des ouvertures de droit au chômage à l’âge de 56 ans le sont à la suite d’une rupture conventionnelle, ce chiffre grimpe à 25 % à 59 ans, taux le plus élevé pour les
ruptures
En 2010, alors que l’âge légal de départ était encore de 60 ans, ce pic était atteint autour de 57-58 ans.
Ce pic devrait se décaler à l’avenir sous l’effet des nouvelles règles d’assurance-chômage, qui ont réduit depuis le 1er février la durée d’indemnisation maximale à vingt-sept mois au lieu
de trente-six pour les plus de 55 ans.
Selon l’étude, le report de l’âge légal de 60 à 62 ans a entraîné entre 2010 et 2022 une hausse de 100 000 du nombre d’allocataires de plus de 60 ans.
Parmi ces indemnisés supplémentaires, 65 000 ont 60 ou 61 ans du fait du décalage de l’âge légal. Et 20 000 ont 65 ou 66 ans, du fait du décalage de l’âge d’annulation de la décote (de 65 à 67
ans) et de la hausse de la durée de cotisation.
Une disposition permet, sous conditions, de continuer à être indemnisé au-delà de trois ans, jusqu’à l’accès à une retraite à taux plein, au plus tard à 67 ans. En 2022, sur les 72 000
allocataires indemnisés de 62 ans ou plus, 21 000 étaient bénéficiaires de ce dispositif.
La Cour des comptes quant à elle, a analysé les conséquences de la réforme de 2010 qui a décalé l’âge de départ de deux ans, de 60 à 62 ans.
Elle énonce un risque important de « trappe à pauvreté » pour les seniors de 60 ans et plus .
Et elle table, en conséquence, sur un surplus de 120 000 personnes âgées de 60 à 64 ans parmi les bénéficiaires du RSA, de l’allocation adulte handicapé (AAH) et de l’allocation de solidarité
spécifique (ASS).
Pire, elle prévoit l’apparition d’une augmentation de 50 000 allocataires environ âgés de 60 à 64 ans parmi les chômeurs.
Ce qui représenterait une dépense supplémentaire de l’ordre de 710 millions d’euros par an pour les minimums sociaux et de 780 millions d’euros pour l’assurance-chômage.
Les études préalables à la réforme des retraites du gouvernement Macron ont montré qu’un nouveau décalage de deux ans de l’âge d’ouverture des droits à la retraite, de 62 à 64 ans, se traduirait
par une hausse de 830 millions d’euros des dépenses de prestations de solidarité (RSA, AAH et ASS).
Les dépenses de pension d’invalidité augmenteraient quant à elles de 1,8 milliard, correspondant à 160 000 personnes supplémentaires. Le surcoût en arrêts de travail serait lui de 970 millions
d’euros pour l’Assurance-maladie.
Sous prétexte de réduire le déficit de la caisse de retraite (déficit au demeurant assez hypothétique), le gouvernement va augmenter de manière importante les dépenses d’autres
dispositifs sociaux, faisant porter l’effort notamment à l’assurance chômage, aux départements (pour le RSA) et aux branches "assurance maladie" et « accidents du travail » de la Sécurité
sociale
Et il le sait !